- COLCHIQUE
- COLCHIQUECOLCHIQUEL’une des plantes les plus redoutables de la flore d’Europe. Toutes les parties du colchique (Colchicum autumnale L., liliacées) renferment, parmi une dizaine de substances toxiques à des degrés divers, un alcaloïde particulièrement dangereux, la colchicine, qui représente le principe actif médicinal. La dessiccation n’altère pas le poison. La colchicine isolée est toxique pour l’homme à la dose de 1,25 mg par kilogramme de poids. Son élimination est très lente. Les empoisonnements, rares à l’époque actuelle, frappent pourtant encore les jeunes enfants trompés par les capsules sèches qui rappellent la noix (cas mortels dans l’est de la France, vers 1960). L’ingestion entraîne de graves irritations internes avec spasmes douloureux, brûlures viscérales intenses, des désordres nerveux, délire et convulsions. La mort survient par paralysie vasomotrice et respiratoire. Il n’existe pas d’antidote spécifique; le traitement est celui des intoxications par les alcaloïdes en général, avec une attention particulière accordée à la réhydratation. Trop dangereuse pour tenter même les empiristes amateurs de drogues héroïques, la plante restera longtemps exclue de la matière médicale. Les observations de Stoerck (XVIIIe s.) et les travaux modernes, très nombreux, ont fait du colchique, paralysant des terminaisons nerveuses sensitives, agissant à faible dose comme analgésique et anti-inflammatoire, le remède classique de la goutte aiguë, quand l’état des reins en permet l’usage (sous surveillance médicale étroite).La colchicine a une action remarquable sur la division cellulaire: elle en bloque le processus à la métaphase, quand les chromosomes se sont scindés en deux chromatides. Chez l’animal, la cellule meurt ou arrive à reprendre et à terminer sa division. Chez les végétaux, il se reconstitue un noyau porteur d’un nombre double de chromosomes. En traitant les plantes à la colchicine, on obtient des lignées polyploïdes souvent caractérisées par le gigantisme, ce dont la recherche agronomique sait tirer parti. La colchicine, inhibitrice de la mitose, a été expérimentée comme anticancéreuse, non sans résultats, en particulier dans les tumeurs ganglionnaires.• 1680; colchicon 1545; lat. colchicum, du gr.; plante de Colchide, pays de l'empoisonneuse Médée♦ Plante des prés (liliacées), vénéneuse ⇒ colchicine, à fleurs roses ou mauves apparaissant en automne, aussi appelée safran des prés, tue-chien. « une lisière où les premiers colchiques mettaient des touches mauves » (Tournier).colchiquen. m. Plante herbacée à bulbe, vénéneuse (Fam. liliacées), des régions tempérées d'Eurasie.⇒COLCHIQUE, subst. masc. et adj.Plante vivace (Liliacées) à racine bulbeuse, à feuilles radicales longues et étroites, d'un vert luisant, apparaissant avec les graines plusieurs mois après la floraison, à fleur mauve, solitaire, en forme d'urne, découpée de 6 pointes, apparaissant sur une tige très courte à l'automne dans les prés humides. Dit aussi flamme nue, lis vert, narcisse d'automne, safran bâtard / des prés, veilleuse / veillotte. Les pelouses (...) couvertes de colchiques violettes, en forme d'un petit cœur éclaté (A. DE NOAILLES, La Nouvelle espérance, 1903, p. 295). Les petites flammes roses des colchiques diaphanes (R. ROLLAND, Jean-Christophe, L'Adolescent, 1905, p. 319) :• Le pré est vénéneux mais joli en automneLes vaches y paissantLentement s'empoisonnent Le colchique couleur de cerne et de lilasY fleurit tes yeux sont comme cette fleur-làViolâtres comme leur cerne et comme cet automneEt ma vie pour tes yeux lentement s'empoisonne...APOLLINAIRE, Alcools, Les Colchiques, 1913, p. 60.Rem. 1. Certains aut. attribuent à ce mot le genre fém. 2. S'emploie adj. La racine du colchique d'automne [utilisée] pour la préparation du vinaigre et du miel colchiques (J.-B. KAPELER, J.-B. CAVENTOU, Manuel des pharmaciens et des droguistes, t. 1, 1821, p. 209).— [P. réf. à la couleur du colchique] Un soir couleur de colchique (MORAND, Champions du monde, 1930, p. 41); ses yeux (...) tout agrandis sous ses paupières de colchique (GIONO, Le Chant du monde, 1934, p. 224).Rem. Il existe un homon. adj. ethnique, de même origine. Relatif à Colchos, à la Colchide. Jason partant pour la plage colchique (HUGO, L'Âne, 1880, p. 308).Prononc. et Orth. :[
]. Ds Ac. 1762-1932. Étymol. et Hist. 1545 colchicum, colchicon (G. GUÉROULT, Hist. plantes, 249 et 310 ds QUEM.) — 1616 (Dalechamps ds Fr. mod., t. 14, p. 283); 1628 colchique (d'apr. BL.-W.5, sans réf.); 1680 (RICH. qui donne le mot fém.). Empr. au m. fr. colchicum empr. au gr.
proprement « herbe de Colchide », pays de l'empoisonneuse Médée, le colchique étant vénéneux. [La date 1611 (COTGR.) pour la 1re attest. de la forme colchique fournie par Lar. Lang. fr. n'a pu être vérifiée, le mot n'y figure pas comme vedette autonome]. Fréq. abs. littér. :19. Bbg. MILLEPIERRES (F.). N. de fleurs. Vie Lang. 1961, p. 286.
colchique [kɔlʃik] n. m.ÉTYM. 1680; colchicon, 1545; lat. colchicum, grec kolkhikon, plante de Colchide, pays de l'empoisonneuse Médée.❖♦ Plante vivace (Liliacées) herbacée, bulbeuse, vénéneuse (⇒ Colchicine), à fleurs rose tendre ou mauves. (On l'appelle aussi flamme nue, narcisse d'automne, safran bâtard, tue-chien, veilleuse, veillotte). || Les Colchiques, poème d'Apollinaire (→ Cerne, cit. 4).1 (…) les sveltes colchiques déroulent frileusement leurs pétales de gaze mauve.Laurent Tailhade, les Noces de Messidor, VI.2 Il y a encore le colchique d'automne, vénéneuse veilleuse, qui empoisonne les prairies de son mauve distingué (…)Colette, l'Étoile Vesper, p. 21.3 (…) une lisière où les premiers colchiques mettaient des touches mauves (…)M. Tournier, le Roi des Aulnes, p. 183.➪ tableau Noms de plantes médicinales.❖DÉR. Colchicine.
Encyclopédie Universelle. 2012.